Le silence de l'adoration de Dietrich Bonhoeffer

«  On l’appellera Conseiller merveilleux, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix »    

Esaïe 9 : 5

Qui est cet enfant, dont la naissance fait exulter de joie le ciel et la terre ?

Les mots s’amassent et se bousculent, quand il leur faut dire qui il est : « Conseiller admirable, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. »

« Conseiller admirable » : ainsi est appelé cet enfant.

En lui s’est produit le miracle des miracles : Dieu est devenu homme, la parole a été faite chair. Mais parce qu’il est le propre miracle de Dieu, il est aussi lui-même source de tout miracle et de tout conseil.

 « Dieu puissant » : ainsi est appelé cet enfant. Dans la crèche il n’est personne d’autre que Dieu lui-même. En l’enfant de Marie habite le Dieu tout-puissant. Il est pauvre comme nous, misérable et abandonné comme nous, homme de chair et de sang comme nous ; notre frère.

Et pourtant il est Dieu, il est force. Où donc est la force de cet enfant ? Dans l’amour divin qui a fait de lui notre égal. Sa misère dans la crèche, telle est sa force. Avec la force de l’amour, il vient à bout de l’abîme qui sépare Dieu de l’homme.

« Père éternel » : Comment cela peut-il être le nom d’un enfant ? Par le seul fait qu’en lui se révèle l’amour paternel du Dieu éternel, et que l’enfant ne veut qu’apporter sur la terre l’amour du Père.

« Prince de paix » : Lorsque Dieu dans son amour vient vers les hommes, la paix est conclue entre Dieu et l’homme, et entre les hommes. Si tu crains la colère de Dieu, va à l’enfant de la crèche, et là, laisse-toi donner la paix de Dieu. La haine t’oppose-t-elle à ton frère ? Viens et vois comment Dieu, par amour, est devenu notre frère et veut nous réconcilier les uns avec les autres. Dans le monde où règne la violence, cet enfant est le prince de la paix ; là où il est, la paix règne.

« Conseiller admirable, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » : Ainsi parlons-nous à la crèche de Bethléem, ainsi essayons-nous de concevoir ce que contient pour nous le seul nom de Jésus. Mais ces mots ne sont rien d’autre, au fond, qu’un silence d’adoration devant l’inexprimable, devant le Dieu présent sous la forme d’un enfant des hommes.

 Extrait de «  Si je n’ai pas l’amour » de Dietrich Bonhoeffer